Chapitre 1

De Jeanne Dereux à Camille Albane

Originaire d’Avignon, Camille Albane, de son vrai nom Jeanne Dereux, rêve de travailler dans le milieu de la coiffure. Mais elle ne peut pas compter sur l’aide de ses parents qui s’y opposent. Elle passe alors son baccalauréat en philosophie qui, elle l’ignore encore, lui sera bientôt très utile dans son approche et son écoute des femmes.

Son bac en poche, elle décide de se lancer dans la coiffure et commence par travailler pour un grand salon à Avignon. Mais Jeanne est ambitieuse, et n’a qu’un rêve en tête : rejoindre Paris pour entrer dans l’un de ces grands établissements prestigieux connus de toute la profession. Alors au fait de la notoriété de Jacques Dessange, elle décide de monter à Paris pour tenter sa chance ! Chevelure violine et bouclée, look voyant et accent chantant du Sud… elle ne correspond alors pas à l’image de l’enseigne. N’ayant de toute façon pas de place pour elle, Jacques Dessange refuse de l’engager. Mais c’était sans compter sur la détermination de Jeanne qui revient un an et demi plus tard, après un gros travail sur son image et son accent. Jacques Dessange est impressionné par la ténacité et l’audace de la jeune femme et décide de lui donner sa chance en 1967 ! C’est à partir de ce moment-là qu’elle se fera appeler Camille.

Si Camille rêve de couper, c’est pourtant à la coloration que Jacques Dessange la fait commencer. Elle s’avère excellente technicienne, mais malgré ses relances auprès de celui que l’on nommait « Monsieur », elle ne se voit pas octroyer le poste de coupeuse. C’est l’époque du grand retour des perruques et Jacques Dessange décide de la faire travailler à la perruquerie.

Anecdote : Technicienne émérite, c’est pourtant sur les perruques qu’elle débute chez Jacques Dessange. Elle excellera également dans ce domaine, signant le fameux carré à frange des danseuses du Crazy Horse encore d’actualité aujourd’hui !

Il lui faudra persévérer et travailler sans relâche, apprenant les techniques de coupes directement sur les perruques, avant d’être considérée par M. Dessange comme l’un de ses meilleurs éléments.
 
Fin 1969, lorsque l’occasion de reprendre le salon Jacques Dessange de la rue Bonaparte à Saint-Germain-des-Prés se présente, elle saute le pas. Bien qu’un peu anxieuse, en quelques mois seulement, elle transforme le lieu, et le marque de sa personnalité : élégant mais décontracté et convivial. Si bien que le salon est renommé « Camille Albane pour Jacques Dessange », jusqu’au lancement de la franchise en 1994.

Loin du salon Jacques Dessange du 37, avenue Franklin D. Roosevelt que fréquentent les stars françaises et internationales, le salon Camille Albane attire, lui, femmes aisées du quartier et artistes : Régine Deforges, Sonia Rykiel, Chantal Thomass ou encore Emmanuelle Khanh s’y croisent.

Légende photo : Jeanne Dereux, alias Camille Albane, devant son salon de la rue Bonaparte, à Saint-Germain-des-Prés dans les années 70 ©DR

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