Chapitre 4

L’arrivée de l’enseigne Camille Albane

Au début des années 90, le marché de la coiffure voit arriver de nombreuses enseignes pratiquant des tarifs très bas et s’organise entre enseignes « bas de gamme » et établissements plus luxueux. De nombreuses enseignes suivent le mouvement et baissent leurs prix. Pour autant, il est impensable pour Jacques Dessange de diminuer les tarifs pratiqués dans ses salons : cela impliquerait une perte de qualité et moins de services.

Face à ce constat, ce businessman aguerri pense une marque intermédiaire en accord avec les besoins des consommatrices d’alors : trouver le meilleur service et le meilleur produit au meilleur prix. Il pense à l’une de ses collaboratrices de la première heure : Jeanne Dereux. Après l’avoir fait travailler quelque temps à ses côtés à la fin des années 60 dans le salon de l’avenue Franklin D. Roosevelt, il l’aide à s’installer dans le salon Jacques Dessange de la rue Bonaparte à Saint-Germain-des-Prés à Paris. Très vite, Jeanne Dereux marque le salon de sa personnalité et en fait un lieu à la fois élégant, décontracté et convivial. Si bien que le salon est renommé d’après son nom d’emprunt : Camille Albane pour Jacques Dessange.
 
Anecdote : À la recherche d’un nom d’emprunt pour Camille, Jacques Dessange imagine un nom facile à mémoriser… et qui devance celui de la concurrence dans l’ordre alphabétique ! Ainsi, il choisit Albane, qui sera le premier à sortir lors des recherches dans l’annuaire téléphonique.

Loin du salon Jacques Dessange du 37, avenue Franklin D. Roosevelt que fréquentent les stars françaises et internationales, le salon Camille Albane pour Jacques Dessange attire les femmes aisées du quartier de Saint-Germain-des-Prés et des artistes telles que Régine Deforges, Sonia Rykiel, Chantal Thomass ou encore Emmanuelle Khanh qui viennent pour la personnalité de Camille elle-même.

Il est alors primordial que les deux enseignes aient chacune leurs spécificités : au début des années 90, Jacques Dessange représente une image « Paris Rive droite » très statutaire où la classe sociale et la renommée des lieux fréquentés jouent un rôle très important, quand le salon Camille Albane est plutôt « Paris Rive gauche » où femmes libérées, artistes et intellectuelles se côtoient dans des adresses confidentielles. Les femmes viennent dans le salon Camille Albane y trouver convivialité et proximité. La polyvalence des experts qui les suivent tout au long de leur visite permet d’instaurer une relation de confiance et d’intimité.

À partir de 1994, les premiers salons Camille Albane ouvrent pour devenir très vite une franchise proposée en priorité aux franchisés Jacques Dessange et à leurs meilleurs coiffeurs. La confiance, la transmission et le savoir-déléguer ont toujours été des piliers forts pour les deux enseignes, permettant ainsi de faire évoluer les collaborateurs ambitieux et volontaires au sein du même Groupe.

Légende photo : 1990 – Face à l’évolution du marché de la coiffure, Jacques Dessange crée avec sa collaboratrice Camille, l’enseigne Camille Albane. À l’image de la jeune femme, les salons sont décontractés, élégants et conviviaux © DR
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